« Que sont-ils devenus? »: Bastien Lamon

On continue notre série « Que sont-ils devenus ? » avec Bastien LAMON. Personne n’a oublié le demi-centre originaire de la région lilloise qui a fait toute sa carrière professionnelle à Dunkerque. 16 ans de souvenirs, 16 ans de rencontres, 16 ans d’une belle aventure qui s’est achevée il y a trois ans déjà en 2017. Depuis, Bastien s’épanouit pleinement dans son nouveau projet professionnel. Un bel exemple de reconversion réussie. Interview:

Nul besoin de le rappeler, tu as fait toute ta carrière professionnelle de handballeur à Dunkerque, ça a toujours été particulier entre toi et l’USDK…

Bastien Lamon : « C’est sûr ! C’est une histoire de nordistes déjà avec mes précédents clubs Wattrelos et Villeneuve d’Ascq. Dunkerque avait un projet ambitieux, moi aussi. L’aventure a commencé en 2001. Naturellement, on s’y retrouvait entre les ambitions du club et les miennes, autour des mêmes valeurs. Je pense que j’ai eu la chance de pouvoir grandir en même temps que le club. Donc on s’est toujours retrouvés dans les objectifs que l’on s’est fixés. Ça a donné tout au long de ces années ce beau résultat dont je suis très fier. »

Parle-nous de tes débuts dans le handball à Wattrelos et Villeneuve d’Ascq ? Qu’est-ce qui t’a donné envie de jouer au hand ?

B.L. : « Des parents handballeurs déjà et une famille de sportifs même si on n’est pas tous partis dans le hand. J’ai 3 frères. On a toujours baigné dans le sport en général. Moi, je me suis retrouvé dans le hand grâce au collectif, au groupe de copains avant tout, c’est ce qui m’a vraiment plu. L’esprit de combativité, les contacts, ça m’a tout de suite attiré et de fil en aiguille, d’objectifs en objectifs, on a fait les championnats de France en cadet. Il y avait toujours de nouveaux challenges dans les équipes dans lesquelles j’ai été, à Wattrelos puis dans l’entente Wattrelos-Villeneuve d’Ascq. Après j’ai intégré le collectif de N3 de Villeneuve d’Ascq afin de jouer pour l’équipe réserve puis celui de l’équipe première qui était encore en D1 à l’époque. Elle était un peu en difficulté ce qui m’a permis d’avoir très vite l’occasion de faire mes premiers matchs en D1, à 18 ans déjà. Avec la hargne et l’envie que j’avais de bouffer le ballon, forcément, ça a un peu crevé l’écran. Moi, je me suis éclaté et derrière, ça m’a ouvert les portes de Dunkerque qui avait à l’époque plus le vent en poupe. »

Tu as arrêté ta carrière en 2017 ? Depuis, tu as débuté une deuxième carrière professionnelle dans la banque ? Qu’est ce qui change entre les deux ? Est-ce si différent ?

B.L. : « C’est sûr que c’est un peu passer du tout au tout ! Ce qui change le plus c’est peut-être la garde-robe, passer du short-survêtement au costard ! (rires) Blague à part, je pense que ce qui était important déjà, c’était d’accepter la fin de carrière, ce n’est pas évident. Et le fait de l’anticiper, de pouvoir me projeter sur ce nouveau projet professionnel, ça m’a fait du bien. J’avais déjà un pied dans ce monde-là vu les études que j’avais engagées en licence banque assurance puis en école de commerce. Ce n’était pas non plus une surprise mais surtout une belle opportunité. La Caisse d’Epargne a vraiment joué le jeu de m’accompagner dans mon projet de reconversion avec la chance de pouvoir prendre un poste qui m’intéressait sur le territoire, sans bouger de chez moi. On l’a construite ensemble cette solution. J’ai remplacé une personne qui partait en retraite un an plus tard. Donc pendant un an, on a pu faire la passation. J’ai pu monter très vite en compétences et prendre son expérience pour être très rapidement à l’aise dans mon nouveau métier qui est chargé d’affaires pour ce qui est économie sociale et secteur public sur le littoral. Ça a été un changement, c’est vrai que d’un côté, on a l’impression de passer du tout au tout mais de l’autre, il y a quand même plein de parallèles entre le monde de l’entreprise et celui du sport de haut niveau. Je pense que c’est pour cette raison que les sportifs en général ont pas mal de choses à faire valoir dans le monde de l’entreprise entre l’esprit d’équipe, les objectifs à atteindre, se donner les moyens, la capacité de s’adapter, l’engagement car cela demande beaucoup d’engagement, aussi bien de faire sa place dans l’entreprise que de gagner en crédibilité et de gagner la confiance des clients afin d’avoir un vrai rôle de partenaire. Je pense que mon passé de sportif m’a aidé à être très vite à l’aise dans ce nouveau métier.»

Qu’est-ce qui te manque le plus de ta période « handball » ?

B.L. : « Alors au début, ce nouveau projet a vraiment pris toute la place. Ajoutée à ça évidemment une vie de famille bien remplie avec les enfants. Justement, j’avais plutôt envie de freiner le rythme de sportif de haut niveau. On n’est pas toujours là le week-end, il y a les déplacements, des contraintes. Là, j’avais beaucoup plus de temps à consacrer à ma famille. C’était important pour moi. J’ai beaucoup accompagné les enfants au sport pour les voir. Ça a aussi permis un équilibre familial dans le sens où Cindy, mon épouse, avait un projet personnel dans lequel elle s’est engagée à son tour à fond. Maintenant, c’est moi qui pars seul avec les enfants et elle, avec son projet de Dk parc, de centre de loisirs indoor, elle travaille beaucoup le soir, le week-end donc on a un peu inversé les rythmes et les rôles. Tout ça pour dire qu’au début ça a été assez chargé donc je n’ai pas trop eu le temps de ressentir de manque. Mais depuis 1 ou 2 ans, j’avoue que le côté adrénaline, le vestiaire,  c’est quelque chose qui commence à me manquer un peu. J’ai quelques fourmilles dans les jambes. J’essaie de combler ça en faisant un peu de sport quand j’arrive à caser tout ça dans l’agenda, ce n’est pas évident. Chose qui peut paraître étonnante, je n’ai pas touché un ballon de handball depuis peut-être deux ans et demi. »

Tu viens aussi voir régulièrement l’équipe jouer ?

B.L. : « Oui et ça, c’est un réel plaisir. Sincèrement. J’ai toujours grand plaisir à revenir à la salle, à revoir les gens, à venir voir les matchs avec un œil peut-être un peu plus averti. Je suis content car la fin que j’ai eue, c’est celle que je voulais. Elle me permet de bien le vivre, de revenir et d’encourager l’équipe au quotidien. J’essaie aussi de faire découvrir le hand à mon entreprise qui ne connaissait pas du tout et qui commence à y mettre un pied. Quand je repars, je resterais bien un peu plus longtemps, c’est peut-être là aussi où le manque peut un peu se faire sentir. J’ai tellement vécu ça pendant plus de 15 ans du matin au soir. Parfois, c’est compliqué de repartir (rires) mais c’est la vie de passer à autre chose. »

Question très compliquée : s’il ne fallait garder qu’un souvenir de tes années au club ?

B.L. : « En effet, c’est compliqué ! Il y en a eu tellement pendant toutes ces années. J’ai croisé beaucoup de générations, de personnes, sur les terrains, en dehors, des dirigeants emblématiques… ça va peut-être être un peu bateau mais c’est tellement vrai. Le premier titre à Bercy, c’est quelque chose qui a été très intense. En tout cas, moi, je l’ai vécu de manière très intense. Ça mêle un peu tout, c’est pour cela que je parlerais de celui-là parce qu’on voulait tellement gagner un titre depuis des années. C’était attendu par tout le monde, en plus l’année où Nicolas nous a quittés. Il y a eu ce match incroyable, notre public derrière le but, l’hymne à Cô Pinard à la fin. Il y en aurait plein d’autres mais celui-là reste spécial à plus d’un titre. »

Une anecdote à nous partager ?

B.L. : « Une anecdote qui puisse être racontée ? (rires) C’est pareil, il y a tellement de choses. Mais là, comme ça, je repense aux après-matchs et à l’un d’entre eux en particulier. Toute l’équipe était à l’Oscar et on refaisait le match. On restait très tard et on discutait de tas de choses. Nos familles étaient toujours avec nous. Cette fois-là, on a parlé éducation car on était beaucoup à être pères. Et puis, j’ai vu mon plus grand, Victor, qui dormait sur mon manteau en dessous du babyfoot. Il ne fait plus de hand aujourd’hui mais je peux vraiment dire que lui est vraiment né dedans ! Comme beaucoup de nos enfants. Ils ont littéralement baigné dedans toutes ces années. Entre nous tous, c’était aussi une histoire de famille.»

Pour finir, si tu devais définir l’USDK en quelques mots ?

B.L : « Spontanément, je dirais l’aspect festif, le carnaval. Mais surtout cet esprit de combativité bien particulier. A chaque fois qu’on a réussi à l’allier à toutes les valeurs du club, on a fait de très belles choses et on a vécu de belles aventures! »

 

Photo: Stéphane Pillaud

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